Chapitre 2 - Axes de lecture


I- Le Msid

Dans ce lieu de l’enseignement traditionnel marocain, l’enfant est confié aux soins d’un adulte, le fqih, qui inspire une grande terreur aux élèves. 
Il est décrit comme « un grand maigre à barbe noire, dont les yeux lançaient constamment des flammes de colère. »
Comme de nombreux auteurs marocains ( Charaïbi et Khatibi entre autres ), Sefrioui considère le Msid comme un lieu de punition : « A six ans, j’avais déjà conscience de l’hostilité du monde et de ma fragilité. Je connaissais la peur, je connaissais la souffrance de la chair au contact de la baguette de cognassier. Mon petit corps tremblait …. ».

II- Pratiques et croyances

L’enfant se montre très attentif aux gestes et aux paroles des adultes. Ses observations s’intéressent
aussi bien aux pratiques qu’aux croyances des « grandes personnes » qui représentent la mentalité des gens de la société traditionnelle marocaine :
- Elle souffrait d’une terrible migraine. 
Pour enrayer le mal, elle avait les trempes garnies de rondelles de papier bleu copieusement enduites de colle de farine.
- Les yeux du monde sont si mauvais, le regard des envieux a éteint l’éclat de ce visage qui évoquait un bouquet de roses. Te souviens-tu de ses joues qui suaient le carmin ?(…)
- Je peux te donner un conseil, dit Lalla Aîcha ; montons tous les trois cet après-midi à Sidi Boughaleb (…) Si tu lui faisais boire de l’eau du sanctuaire, il retrouverait sa gaieté et sa force.(…) Ma mère trouva un gobelet et me fit boire. Elle se versa un peu de liquide dans le creux des mains et sur ses chevilles. Tout en procédant à ce rituel, elle marmonnait de vagues prières, des invocations…(…) En arrivant devant le catafalque, Lalla Aîcha et ma mère se mirent à appeler à grands cris le saint à leur secours. L’une ignorait les paroles de l’autre, chacune lui exposait ses petites misères, frappait du plat de la main le bois du catafalque, gémissait, suppliait, vitupérait contre ses ennemis.(…) La gardienne ouvrit ses deux mains, reçut le don et entama une longue oraison.
Lalla Zoubida emmène son fils à Sidi Boughaleb pour le protéger contre le mal qui le guette, or c’est précisément dans le mausolée du saint que le mal le frappe. 
L’incident du chat ne risque-t-il pas de brouiller les repères du jeune garçon qui éprouve la souffrance physique là où il espérait trouver la paix de l’âme ?
- Il me regarda de ses yeux jaunes, ronronna et m’envoya un magistral coup de griffe. 
Le sang gicla. Ma main se mit à me cuire atrocement. Je poussai un cri (…) La blessure me faisait mal et je hurlais…

III-Un univers de contes

Ne pouvant pas s’affirmer au milieu des adultes, l’enfant crée son propre monde, un monde imaginaire plein de merveilles. La boîte où il cache des objets hétéroclites lui procure d’intenses moments de bonheur tout comme les créatures dont il est le seul à comprendre le langage :
- Installé dans un coin de la pièce, j’osai enfin le regarder. C’était un gros cabochon de verre à facettes, taillé en diamant, un bijou fabuleux et barbare provenant à n’en pas douter de quelque palais souterrain où demeurent les puissances de l’Invisible. 
Etait-ce un messager de ces lointains royaumes ? était-ce un talisman ? Etait-ce une pierre maudite qui m’était remise par notre ennemie pour attirer sur nous la colère des démons ? (…) Il prendra place dans ma Boîte à Merveilles et je saurai découvrir ses vertus.
- Deux moineaux viennent se poser sur le mur du patio, je les entendais sautiller d’un endroit à l’autre, frappant l’air de leurs courtes ailes. Ils discutaient avec passion et je comprenais leur langage… Je comprenais le langage des oiseaux et bien d’autres bêtes….
Chapitre 2 - Axes de lecture Chapitre 2 - Axes de lecture Reviewed by Admin on septembre 17, 2019 Rating: 5

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